« Je pense trop, j’ai une charge mentale trop élevée », me dit-on souvent en consultation. Or, « penser trop » n’est pas synonyme de « surcharge mentale ». Lorsque notre esprit est en proie à des pensées incessantes, il peut être difficile de discerner la surcharge mentale, le stress mental, ou les ruminations. Comment reconnaître ces trois états mentaux distincts et comment les gérer ?
La charge mentale : une to-do list mentale saturée
La charge mentale peut être comparée à une liste mentale de tâches à accomplir, stockée dans notre mémoire de travail, appartenant à la mémoire à court terme. Celle-ci peut stocker un nombre limité d’informations (environ une dizaine) pendant une trentaine de secondes.
Lorsque trop de dossiers mentaux sont ouverts, cette mémoire est saturée. Pour ne pas oublier tous les dossiers ouverts, notre cerveau va alors se rappeler spontanément de ce qu’il ne faut pas oublier. C’est typiquement lorsque vous pensez à envoyer un email à votre collègue alors que vous êtes en train de cuisiner. Ces rappels incessants sont épuisants pour le cerveau. Sur le long terme, une charge mentale trop élevée induit une fatigue mentale.
Le stress mental : anticiper (trop) le futur pour mieux s'y préparer
Le stress mental surgit lorsque nos pensées se tournent vers l’avenir, anticipant les événements futurs pour mieux s’y préparer. Bien que cela puisse être utile, un stress constant peut conduire à une anxiété pathologique, altérant notre qualité de vie.
Nous connaissons tous le stress mental, au moins ponctuellement, lors d’un examen, une réunion importante, un entretien d’embauche, le retard de son train, une discussion difficile à avoir en famille, etc. Ce stress mental peut mener jusqu’à l’anxiété lorsqu’il devient chronique. Cette anxiété est épuisante, autant sur le plan physique que psychologique.
Les ruminations : quand les pensées négatives envahissent l'esprit
Les ruminations sont caractérisées par des pensées négatives qui envahissent l’esprit. Celles-ci peuvent être liées au présent, par exemple le fait d’entretenir des croyances négatives sur soi-même et sur le monde : « Je suis nulle », « Je n’y arriverai pas », « Personne ne m’aime », « De toute manière la vie est injuste ».
Les ruminations peuvent aussi être liées à une situation passée, par exemple une dispute avec un proche que l’on va se remémorer en détails et retenir ce qu’il s’est mal passé : « Il a dit cela pour me blesser », « Pourquoi a-t-elle réagi comme cela ? ».
Ces ruminations auront un impact sur notre humeur. Elles sont d’ailleurs souvent présentes dans la dépression. Ce type de pensées peuvent devenir automatiques et très envahissantes, conduisant également à une certaine fatigue psychologique.
La rumination mentale : comment en sortir ? Lire l’article
Bien choisir sa stratégie pour une meilleure santé mentale
En comprenant ces différents états mentaux, il devient plus facile de choisir une stratégie adaptée pour en sortir. En fonction du problème (charge mentale, stress mental ou rumination), la solution sera bien différente !
Alors qu’une stratégie de gestion du temps sera judicieuse pour la surcharge mentale, elle deviendra obsolète pour le stress mental.
Concernant l’anxiété, s’il s’agit de peurs mémorisées suite à des expériences passées, des méthodes de libération émotionnelle pourraient s’avérer très efficaces.
Enfin, les ruminations pourront être soulagées grâce à la thérapie cognitivo-comportementale. Ce type de thérapie permet de réapprendre à interpréter de manière adéquate les situations de la vie quotidienne.
Un flot incessant de pensées n’est pas synonyme de charge mentale trop élevée. Reconnaître et comprendre les nuances entre charge mentale, stress mental et ruminations est essentiel pour choisir une solution adaptée.