Le microbiote intestinal est tout l’écosystème de micro-organismes (bactéries, champignons, virus…) qui vivent dans nos intestins. Loin d’être des parasites, il a été découvert que cet écosystème joue un rôle important dans notre santé de manière générale, mais aussi dans des pathologies comme la dépression.
L’axe cerveau-intestin
Pendant longtemps on a cru que le cerveau était un organe parfaitement isolé du reste du corps, pas de contact avec le système immunitaire et protégé par une boîte crânien ultra-résistante. Depuis, les scientifiques ont découvert qu’il y avait un deuxième cerveau dans nos intestins, aujourd’hui appelé le cerveau entérique. Il possède plus de 200 millions de neurones, situés dans la paroi intestinale, et peuvent interagir directement avec le microbiote intestinal et les cellules du système immunitaire présentes.
Entre ces deux cerveaux, se trouve une « autoroute » de neurones appelée le nerf vague. Il y a 80% des messages qui remontent du cerveau entérique jusqu’au cerveau de la boîte crânienne et seulement 20% des messages font le chemin inverse. On commence à comprendre pourquoi la santé de nos intestins influence celle de notre cerveau…
Les super pouvoirs des bactéries
Les bactéries digèrent aussi notre alimentation. En ce sens elles vivent en symbiose avec nous, car si nous les nourrissons, elles permettent aussi par leur digestion de produire des molécules nécessaires à notre bonne santé.1
Ces molécules vont alors pourvoir être utilisées par notre système immunitaire, endocrinien et notre système nerveux. C’est notamment par la production de neurotransmetteurs ou de leurs précurseurs que les bactéries dans nos intestins sont très bénéfiques.
Certaines bactéries produisent des molécules qui stimulent les cellules nerveuses entériques qui à leur tour vont envoyer un message à notre cerveau :
- Production du tryptophane, précurseurs de la sérotonine.
- Production de la phénylalanine, précurseur de la dopamine.
- Production directe des neurotransmetteurs utilisés par les cellules nerveuses : GABA, dopamine, acétylcholine, glutamate et sérotonine.1
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L'implication du microbiote intestinal dans la dépression et les troubles de l’humeur
Les chercheurs ont pu observer une différence dans la composition des microbiotes de personnes en dépression comparés à des sujets sains. Ces différences sembleraient participer aux troubles de l’humeur observer dans la dépression, que voici1 :
- Diminution de la diversité générale des souches de bactéries.
- Augmentation de certaines souches et diminution d’autres souches 1,2.
- Augmentation des bactéries qui ont un rôle pro-inflammatoire et diminution de celles qui jouent un rôle anti-inflammatoire. Une inflammation généralisée impactera négativement les fonctions du cerveau en causant des dommages aux neurones. Ceci aboutira à une moins bonne concentration et une moins bonne mémoire.
- Le taux de tryptophane est diminué, or il est nécessaire à la production de sérotonine dans le cerveau. On observe le manque des bactéries produisant du tryptophane par le microbiote intestinal.
- Diminution de la production de L-phénylalanine, précurseur notamment de la dopamine, neurotransmetteur hautement impliqué dans la motivation. Une réduction de la dopamine peut provoquer de l’apathie, c’est-à-dire l’envie de ne rien faire.
- Au contraire, la dépression est souvent associée à une production trop élevée de glutamate, le neurotransmetteur le plus abondant du système nerveux. Or le microbiote intestinal à la capacité de contrôler le taux de glutamate produit dans les intestins. Des études ont montré que cette capacité est diminuée chez les personnes en dépression.
“La dépression, ce n’est pas que dans le tête”
C’est tout un nouveau champ de recherche qui s’ouvre grâce à ces dernières découvertes. La théorie sérotoninergique (manque de sérotonine dans le cerveau) est remise en question. Et si la dépression commençait dans les intestins ? Peu importe son origine, une chose est certaine, la dépression ce n’est pas que dans la tête !
De ce fait, une approche globale pour traiter la dépression sera judicieuse en y incluant des changements alimentaires propices à faire augmenter les bactéries produisant sérotonine et dopamine et à réduire les bactéries pro-inflammatoires. Si les changements alimentaires ne suffisent pas, on pourra alors se tourner vers les probiotiques et prébiotiques.
Les meilleures plantes à l’effet antidépresseur naturel : lire l’article.
1 Averina, O. V., Zorkina, Y. A., Yunes, R. A., Kovtun, A. S., Ushakova, V. M., Morozova, A. Y., Kostyuk, G. P., Danilenko, V. N., & Chekhonin, V. P. (2020). Bacterial Metabolites of Human Gut Microbiota Correlating with Depression. International journal of molecular sciences, 21(23), 9234.
2 Valles-Colomer, M., Falony, G., Darzi, Y. et al. (2019) The neuroactive potential of the human gut microbiota in quality of life and depression. Nat Microbiol 4, 623–632.