Le burn-out autistique n’est pas un terme médical, mais il est souvent employé. En effet, il existe des causes particulières au burn-out des personnes faisant partie du trouble du spectre autistique (TSA). Découvrez ici les symptômes, les causes et les solutions pour les personnes ayant fait un burn-out autistique.
Les symptômes d’un burn-out autistique
Les premiers symptômes d’un burn-out sont l’épuisement physique, cognitif (ou mental) et émotionnel.
Le corps est épuisé : les ressources biologiques pour fonctionner sont au plus bas. Il devient très difficile de se lever le matin, voire impossible.
Le cerveau est épuisé : on observe une diminution des capacités cognitives : mémoire, concentration, prise de décision…
Les émotions sont émoussées : Il y a eu trop d’émotions fortes vécues, ce qui conduit à de l’irritabilité, une labilité émotionnelle (crise de larmes, colère, angoisse…). Ceci aura pour conséquence la distanciation émotionnelle. C’est-à-dire qu’on se coupe de ses émotions et on fonctionne comme un robot, un mode pilotage automatique.
Enfin, le burn-out peut souvent être accompagné d’un fort sentiment d’échec, mais aussi des émotions comme la culpabilité. On n’aurait pas dû s’effondrer, on n’avait pas le droit de craquer !
Derrière les apparences d'un burn-out "classique"
En apparence, une personne ayant un TSA, qu’elle le sache ou non, ne fait pas un burn-out différent qu’une personne n’ayant pas de TSA. Il n’y a donc pas de distinction à faire au niveau des symptômes.
Cependant, les différences seront visibles dans les causes du burn-out ainsi que le degré de fatigabilité.
Les causes d’un burn-out autistique
Les causes universelles d’un burn-out
Evidemment, avant même les causes particulières d’un burn-out autistique, il y a les causes communes avec tous les autres burn-out :
- Une surcharge de travail, qui dépasse les ressources disponibles.
- Un stress trop intense et prolongé, qui demande une sur-adaptation à son environnement.
Cette surcharge de travail et ce stress peuvent provenir de la vie privée et/ou professionnelle. En effet, il n’y a pas uniquement le burn-out professionnel qui existe, mais aussi le burn-out de l’aidant et familial.
Néanmoins, dans le burn-out autistique, le stress et l’épuisement seront accentués par des facteurs spécifique au TSA.
Les causes spécifiques au burn-out autistique
La surcharge sensorielle
A la surcharge de travail, s’ajoute la surcharge sensorielle : l’audition, la vision, l’odorat, le goût, le toucher… Ainsi si l’environnement quotidien est trop bruyant, ou avec trop de lumière, ou trop d’odeur les sens sont surstimulés. Cela conduit à de la fatigue sensorielle, qui s’ajoute à la fatigue déjà présente.
Le masking et la fatigue sociale
Le masking est une stratégie de compensation des difficultés sociales. Par exemple ne pas montrer qu’on n’a pas compris une blague et se forcer à rire comme tout le monde. C’est une stratégie de camouflage. Ceci demande un effort constant et donc des ressources en énergie. Sur le long terme, cette stratégie épuise la personne ayant un TSA. De ce fait, la personne peut souvent se sentir plus rapidement fatiguée lors qu’elle est en société et développera une fatigue sociale.
Difficultés émotionnelles
Les personnes ayant un TSA ont des difficultés avec les émotions. Or les émotions sont utiles pour vivre avec les autres et s’adapter à diverses situations. Les personnes avec un TSA ont des difficultés à identifier leurs émotions, mais aussi celles des autres personnes. Cela engendre souvent des comportements inadaptés en société, qui augmentent les difficultés relationnelles.
Si la personne en est consciente, elle se mettra la pression pour ne pas répondre de manière inadaptée aux émotions des autres. Cela lui demandera encore un effort supplémentaire et augmentera sa fatigabilité.
« Tout ces facteurs spécifiques au trouble du spectre autistique augmenteront la fatigabilité pour une même situation, comparer à une personne n’ayant pas un TSA. «
Les ruminations face à l’incompréhension
Du fait des difficultés émotionnelles et relationnelles mentionnées précédemment, les comportements d’autrui sont difficiles à interpréter. Il en résulte souvent une incompréhension qui peut mener à des ruminations. C’est-à-dire des pensées négatives et répétitives sur une situation donnée. Là encore, cela va puiser dans les ressources de la personne, qui n’aura pas un mental au repos !
La gestion des imprévus
Pour les personnes ayant un TSA, les imprévus ne sont pas les bienvenus car ils augmentent drastiquement leur stress. Cela est perçu comme un désagrément très fort et demande un effort d’adaptation. Les environnements où il y a de nombreux changements ont tendance à augmenter la fatigue.
Le camouflage des stéréotypies
Les adultes en sur-adaptation vont souvent camoufler leur stéréotypies motrices ou verbales en société, comme lors d’une réunion entre collègues. Or ces stéréotypies sont des stratégies de régulation, notamment du stress. Si la personne ne s’autorise pas à faire ces stéréotypies, le stress n’est pas évacué et il est gardé intérieurement. Cela peut conduire à l’augmentation de l’anxiété sur le long terme.
Tout ces facteurs spécifiques au trouble du spectre autistique augmenteront la fatigabilité pour une même situation, comparer aux personnes n’ayant pas un TSA.
Burn-out et diagnostic d’un trouble du spectre autistique
Il arrive souvent que l’adulte en burn-out, pas encore diagnostiqué, en consultant un psychologue et/ou un psychiatre pour le burn-out, va apprendre son diagnostic. Au fil des échanges, le professionnel de santé se rendra compte de certaines particularités. Il pourra alors orienter vers la passation de tests pour faire un diagnostic. Il y a par exemple les Centres Ressources Autisme (CRA) en France.
Ceci arrive également avec les hauts potentiels intellectuels (HPI), qui sont diagnostiqué à l’âge adulte après un burn-out.
Pourquoi faire un diagnostic ?
Faire le diagnostic peut s’avérer un réel soulagement, notamment sur la compréhension de ses maux. On revoit alors son passé sous un autre angle. On revoit certaines scènes, situations, relations passées avec une lecture nouvelle. Cela permet aussi une meilleure connaissance de soi :
- Comprendre mieux son burn-out et ses particularités,
- S’accepter mieux soi-même, pour ne plus se sur-adapter aux autres et ne plus s’épuiser à l’avenir.
Quelles solutions à un burn-out autistique ?
Prendre un temps pour soi
La première étape pour récupérer d’un burn-out est le repos prolongé. Il est temps de prendre enfin du temps soi, rien que pour soi ! Lecture, sieste, série Netflix… Couper un temps avec le reste du monde, comme l’animal blessé qui se repose dans sa caverne.
Dans le TSA, le besoin de solitude est d’autant plus important, surtout quand il y a eu une sur-adaptation sociale, qu’on appelle aussi « masking ».
Ce temps de repos permet de se retrouver soi-même, enlever son masque, probablement devenu beaucoup trop lourd à porter.
« Il est temps de prendre enfin du temps soi, rien que pour soi ! Lecture, sieste, série Netflix… Couper un temps avec le reste du monde, comme l’animal blessé qui se repose dans sa caverne. »
Renouer avec ses besoins spécifiques à l'autisme
Les personnes ayant un TSA ont des besoins particuliers par rapport à la population générale. Renouer avec ses besoins, et finalement sa nature profonde, afin de ne plus lutter contre soi-même. En effet, lutter contre soi demande de dépenser beaucoup d’énergie, or dans un burn-out, il n’y en plus !
Le besoin de routine
Les routines sont des repères, qui parfois ont été négligées par la personne elle-même pour s’adapter au monde « normal ». Les routines permettront un repos cognitif et une diminution du stress : tout est organisé à l’avance. Elles sont protectrices car elles diminuent les imprévus. Cela permet de préserver au mieux l’énergie.
Les besoins sensoriels
Dans le burn-out autistique, il y a une fatigue sensorielle. Il est donc important de respectés ses besoins sensoriels pour mettre ses sens au repos. Par exemple, avoir chaque jour des moments de silence pour le repos auditif, ou bien passer du temps en nature ou les sons environnants sont plus doux.
Ne pas aller dans des endroits bruyants, mais aussi trop lumineux quand il y a une hypersensibilité à la lumière. Ceci permet un repos visuel.

Renouer avec ses intérêts spécifiques
Les intérêts spécifiques donnent de la joie et du plaisir à la personne ayant un TSA. Parfois, pour s’adapter au monde « normal », la personne abandonne ses intérêts spécifiques, car jugés trop enfantins par les neurotypiques.
Néanmoins, renouer avec ses intérêts permet de retrouver de l’énergie « psychologique », être nourri intérieurement !
Conclusion : les solutions d'un burn-out autistique doivent s'adapter à cette particularité
Le burn-out autistique, souvent méconnu, est une réalité pour de nombreuses personnes ayant un TSA. Comprendre ses spécificités est essentiel pour y faire face, mais aussi pour mieux accompagner les personnes concernées. Un accompagnement du burn-out doit donc aussi pouvoir tenir compte de ces particularités. Avec un diagnostic adapté et des stratégies centrées sur les besoins individuels, il est possible de se reconstruire, de retrouver un équilibre et de prévenir les rechutes à l’avenir.