Des antidépresseurs naturels dans les intestins

antidépresseur naturel

Avez-vous déjà cherché un antidépresseur naturel ? Si oui, vous avez probablement regardé parmi les plantes. Pourtant, il existe des antidépresseurs naturels déjà présents dans votre ventre ! Ils sont produits dans vos intestins en plus ou moindre grande quantité et il existe des moyens de les augmenter.

Qu’est-ce qu’un antidépresseur ?

Pour débuter, ce qui est communément appelé antidépresseur sont les molécules produites synthétiquement et ayant l’effet de réduire les symptômes de dépression. La plupart de ces molécules ont une action sur la sérotonine et/ou la noradrénaline.

Pour des raisons de préférences ou pour éviter les effets secondaires, de nombreuses personnes se tournent vers des antidépresseurs naturels comme les plantes à effet antidépresseur.

Néanmoins, les dernières recherches montrent que des antidépresseurs sont produits naturellement par le microbiote intestinal dans le ventre !

Le microbiote, producteur d'antidépresseurs naturels

Le microbiote intestinal est l’ensemble des bactéries, champignons et virus naturellement présents dans les intestins. À l’équilibre, ces populations de micro-organismes aident à maintenir la santé plutôt qu’à la détruire. En effet, certaines bactéries sont nécessaires car elles produisent un grand nombre de molécules utiles à notre santé. C’est notamment le cas des molécules ayant un effet antidépresseur naturel sur le cerveau.

« Des antidépresseurs sont produits naturellement par le microbiote intestinal »

La sérotonine

D’abord, la plupart des antidépresseurs de synthèse sont des « SSRI », c’est-à-dire des inhibiteurs de recapture de sérotonine : ceux-ci augmentent la durée de l’effet de la sérotonine dans les synapses. Cependant, afin d’obtenir suffisamment de sérotonine naturellement, il faut avoir du tryptophane, qui la produira1.

Certaines bactéries dans les intestins ont justement une influence sur la quantité de tryptophane disponible. C’est le cas des probiotiques, qui permettent d’augmenter cette disponibilité en faveur de la production de sérotonine2, 3, 4.
 
Il est important de souligner le fait que les intestins produisent 90% de la sérotonine, mais contrairement à ce que l’on lit beaucoup sur internet, celle-ci n’est pas utilisée par notre cerveau. C’est le tryptophane qui est capable de traverser la barrière hémato-encéphalique (barrière qui isole et protège le cerveau).

La noradrénaline

Ensuite, certains antidépresseurs augmentent l’effet de la noradrénaline avec le même mode d’action que pour la sérotonine. La noradrénaline permet de maintenir un état mental éveillé et actif. Sa production se fait en plusieurs étapes avec au démarrage la L-tyrosine ou L-phénylalanine, deux acides aminés. 

De plus, des personnes en dépression ont une diminution de la production de ces deux acides aminés par leur microbiote intestinal4.

Le butyrate

Enfin, le butyrate est un acide gras à courte chaine, c’est-à-dire une petite molécule de graisse. De même que la sérotonine et la noradrénaline, celui-ci a des effets d’antidépresseurs naturels. Il réduit l’inflammation présente chez les personnes en dépression5,6.
En effet, il existe un lien prouvé entre inflammation et dépression, et certaines dépressions seraient uniquement des inflammations masquées (très faibles et donc quasi invisibles)7.
 
Par ailleurs, les chercheurs se sont aperçus que les personnes ayant de nombreuses bactéries produisant du butyrate, étaient plus protégées contre la dépression5.

« Le butyrate a des effets antidépresseurs naturels en réduisant l’inflammation présente chez les personnes en dépression. »

Les meilleures plantes à l’effet antidépresseur naturel  Lire l’article

L'alimentation pour augmenter la production d'antidépresseurs naturels

Les protéines : des antidépresseurs naturels essentiels pour votre santé

En premier lieu, les protéines sont essentielles pour le bon fonctionnement du cerveau. En effet, tous les neurotransmetteurs sont des protéines ! C’est pour cela qu’il est important d’en consommer suffisamment, qu’elles soient végétales ou animales (sans parler pour autant de régime hyperprotéiné !).
 
Ainsi, les protéines augmenteront l’apport en L-tyrosine et L-phénylalanine, précurseurs de la dopamine (puis de la noradrénaline), de même que l’apport en L-tryptophane, acide aminé essentiel permettant de fabriquer la sérotonine. 

Les prébiotiques : des fibres alimentaires à consommer tous les jours

En second lieu, les bactéries produisent le butyrate à partir des fibres alimentaires, aussi appelées prébiotiques8. Ces fibres alimentaires sont présentes dans les légumes, les fruits et les légumineuses. C’est pourquoi il est recommandé d’en consommer tous les jours. Par exemple, vous pouvez ajouter des légumes crus au cours de vos repas ou remplacer en partie les protéines animales par des légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots…).
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Les probiotiques : des bactéries pour équilibrer le microbiote intestinal

Le microbiote intestinal est important dans le fonctionnement du cerveau, il faut donc en prendre soin. Un déséquilibre du microbiote est d’ailleurs observé dans les troubles comme la dépression.
 
Les probiotiques sont également des bactéries qui viennent nourrir et réguler la population du microbiote. Elles ont un effet indirect sur la santé du cerveau : certaines souches de probiotiques seraient en effet bénéfiques sur les symptômes dépressifs, comme Bifidobacterium Longum et Lactobacillus acidophilus9.
Pour conclure, il est possible d’optimiser la production endogène d’antidépresseurs, c’est-à-dire à l’intérieur même du corps. Ils sont produits naturellement grâce au microbiote intestinal. Quand celui-ci est déséquilibré, cette production d’antidépresseurs naturels est réduite, ce qui va affecter le cerveau.

1 Höglund, E., Øverli, Ø., & Winberg, S. (2019). Tryptophan Metabolic Pathways and Brain Serotonergic Activity: A Comparative Review. Frontiers in endocrinology, 10, 158

2 Kazemi, A., Noorbala, A. A., Azam, K., Eskandari, M. H., & Djafarian, K. (2019). Effect of probiotic and prebiotic vs placebo on psychological outcomes in patients with major depressive disorder: A randomized clinical trial. Clinical nutrition (Edinburgh, Scotland), 38(2), 522–528. 

3 Purton, T., Staskova, L., Lane, M. M., Dawson, S. L., West, M., Firth, J., Clarke, G., Cryan, J. F., Berk, M., O’Neil, A., Dean, O., Hadi, A., Honan, C., & Marx, W. (2021). Prebiotic and probiotic supplementation and the tryptophan-kynurenine pathway: A systematic review and meta analysis. Neuroscience and biobehavioral reviews, 123, 1–13. 

4 Averina, O. V., Zorkina, Y. A., Yunes, R. A., Kovtun, A. S., Ushakova, V. M., Morozova, A. Y., Kostyuk, G. P., Danilenko, V. N., & Chekhonin, V. P. (2020). Bacterial Metabolites of Human Gut Microbiota Correlating with Depression. International journal of molecular sciences, 21(23), 9234. 

5 Valles-Colomer, M., Falony, G., Darzi, Y., Tigchelaar, E. F., Wang, J., Tito, R. Y., Schiweck, C., Kurilshikov, A., Joossens, M., Wijmenga, C., Claes, S., Van Oudenhove, L., Zhernakova, A., Vieira-Silva, S., & Raes, J. (2019). The neuroactive potential of the human gut microbiota in quality of life and depression. Nature microbiology, 4(4), 623–632. 

6 Sun, J., Wang, F., Hong, G., Pang, M., Xu, H., Li, H., Tian, F., Fang, R., Yao, Y., & Liu, J. (2016). Antidepressant-like effects of sodium butyrate and its possible mechanisms of action in mice exposed to chronic unpredictable mild stress. Neuroscience letters, 618, 159–166.  

7 Beurel, E., Toups, M., & Nemeroff, C. B. (2020). The Bidirectional Relationship of Depression and Inflammation: Double Trouble. Neuron, 107(2), 234–256. 

 
8Stilling, R. M., van de Wouw, M., Clarke, G., Stanton, C., Dinan, T. G., & Cryan, J. F. (2016). The neuropharmacology of butyrate: The bread and butter of the microbiota-gut-brain axis?. Neurochemistry international, 99, 110–132. 
 
 
9Suda, K., & Matsuda, K. (2022). How Microbes Affect Depression: Underlying Mechanisms via the Gut-Brain Axis and the Modulating Role of Probiotics. International journal of molecular sciences, 23(3), 1172. 

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Nadia Augusto

Neuroscientifique, explorant les solutions naturelles et durables pour le bien-être du cerveau.

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