La nature a de nombreuses vertus et elle regorge de plantes aux bienfaits multiples. Ici, je vous propose un petit tour des plantes ayant naturellement un effet antidépresseur. Les deux premières ont le même mécanisme d’action que les antidépresseurs synthétiques ! Bien que la dépression a souvent des origines multiples, il est intéressant de s’aider des plantes pour améliorer les symptômes.
Millepertuis (Hypericum perforatum)
La star des antidépresseurs naturels est le millepertuis ! Déjà en 1998, il était étudiée pour ses vertus sur l’amélioration de l’humeur1. La plante contient un grand nombre de molécules actives. Son action permet de maintenir plus longtemps la sérotonine, neurohormone du bien-être, dans les synapses des neurones sérotoninergiques. Par action similaire, la plante augmente aussi la dopamine et la noradrénaline dans leurs synapses, utiles pour booster la motivation et l’éveil respectivement2.
Attention, si cette plante est efficace contre la dépression légère à modérée, elle a aussi des possibles effets secondaires. Les plus communs sont les éruptions cutanées, les démangeaisons et la photosensibilité de la peau. Le millepertuis ayant un effet boostant, il peut augmenter la nervosité les premiers jours de cure. Ces effets secondaires restent néanmoins moins élevés que les antidépresseurs de synthèse.
Dernier point important, le millepertuis ne peut pas être pris en même temps qu’un autre médicament, notamment les antidépresseurs synthétiques et les anticoagulants. Il y a de nombreuses interactions médicamenteuses qui ont été reportées, notamment en inhibant certaines enzymes du foie.
Vous l’aurez compris (je l’espère), cette plante est puissante et donc à utiliser avec précaution. Il faudra donc s’adresser à un professionnel (médecin, phytothérapeute, homéopathe…) pour savoir comment l’utiliser en toute sécurité !
Safran (Crocus sativus)
Le safran est aussi une star de la pharmacopée naturelle ! Très étudié, il a une action similaire que le millepertuis en maintenant plus longtemps la sérotonine dans ses synapses. Il a même été comparé aux antidépresseurs synthétiques comme la fluoxétine (prozac, sarafem, fluctine, fluox…) avec des protocoles pharmacologiques standards. Les résultats ont montré la même efficacité que les antidépresseurs de synthèses pour les dépressions légères à modérées3.
A noter que le safran n’a pas uniquement une action reconnue dans la dépression, mais aussi pour les troubles anxieux, l’inflammation, les douleurs et les troubles digestifs. Il contient une panoplie de molécules bonnes pour la santé : antioxydants, riboflavine (vitamine B2) et caroténoïdes (précurseurs de la vitamine A). Il aura donc d’autres effets positifs sur la santé en plus de l’effet antidépresseur, et contrairement au Millepertuis, il protège le foie ! Il est donc un excellent choix pour booster son moral et son bien-être.
Il y a peu de contre-indications à la consommation de safran si on respecte les doses recommandées, sauf chez la femme enceinte, chez qui il est à proscrire en augmentant le risque d’avortement. A savoir aussi que si les doses prises sont élevées, il y a un risque d’addiction.
Griffonia (Griffonia simplicifolia)
Les graines de griffonia sont connues pour être riches en tryptophane qui est le précurseur de la sérotonine. En prenant du griffonia, on augmente ses chances de convertir du tryptophane en sérotonine et ainsi d’améliorer son humeur. D’autant plus que ce tryptophane naturel est bien mieux utilisé par le corps puisqu’il est mieux reconnu par celui-ci, contrairement au tryptophane de synthèse.
Cette plante est particulièrement intéressante si vous avez aussi des difficultés à vous endormir où que vous êtes réveillé tôt le matin. Le tryptophane étant aussi un précurseur de la mélatonine (“neurotransmetteur du sommeil”), sa supplémentation améliore le sommeil.
Enfin, les effets secondaires restent rares tant que les doses sont respectées et que la cure ne s’éternise pas plus de quelques mois. Comme le griffonia est en vente libre, il faut bien faire attention à sa provenance et sa qualité.
Rhodiole (Rhodiola rosea)
La rhodiole est une plante adaptogène, c’est-à-dire qu’elle aide l’organisme à s’adapter. Elle a un effet tout d’abord sur le stress et la fatigue, puis sur les symptômes dépressifs. Des études scientifiques mettent en avant les effets antidépresseurs de cette plante4. Elle reste moins efficace que l’antidépresseur testé (sertaline), mais elle présente beaucoup moins d’effets secondaires. Sa bonne balance bénéfice/risque reste tout de même à souligner !
Ayant peu d’effets secondaires, la rhodiole est bien supportée. Elle est tout de même déconseillée aux femmes enceintes ou allaitantes et chez les jeunes enfants.
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Précaution à prendre avec les médicaments
Les plantes et les médicaments ne font pas toujours bon ménage. Les plantes possèdent aussi des principes actifs (des molécules) qui peuvent interagir avec celles d’un médicament.
Ces plantes médicinales sont une précieuse aide pour améliorer les symptômes de dépression mais ne la guérissent pas nécessairement. D’autant plus que leurs effets antidépresseurs se limitent au cerveau, or dans la dépression il est aussi important de s’occuper du corps. La plupart des dépressions sont multifactorielles, il faudra donc plusieurs techniques pour en venir à bout dans la majorité des cas. Les plantes médicinales ne sont qu’une technique parmi tant d’autres.
1 Chatterjee S.S., Bhattacharya S.K., Wonnemann M., et al. (1998) Hyperforin as a possible antidepressant component of hypericin extracts. Life Sciences 1998;63(6):499-510.
2 Brattström A. (2009) Long-term effects of St. John’s wort (Hypericum perforatum) treatment: A 1-year safety study in mild to moderate depression. International journal of phytotherapy and phytopharmacology: 16(4):277-83.
3 Noorbala A.A., Akhondzadeh S., Tahmacebi-Pour N., Jamshidi A.H. (2005) Hydro-alcoholic extract of Crocus sativus L. versus fluoxetine in the treatment of mild to moderate depression: a double-blind, randomized pilot trial. Journal of Ethnopharmacology: 97(2) 2, pp: 281-284.
4Mao J.J., Xie S.X., Zee J., et al. (2015) Rhodiola rosea versus sertraline for major depressive disorder: A randomized placebo-controlled trial. Phytomedicine: 22(3):394‐399.
5 Foong, A. L., Grindrod, K. A., Patel, T., & Kellar, J. (2018). Démystifier le syndrome (ou la toxicité) sérotoninergique. Canadian family physician Medecin de famille canadien, 64(10), e422–e430.
*Cet article ne peut faire office d’avis médical ou de prescription médicale. Adressez-vous toujours à un professionnel de santé.