Vous l’aurez probablement déjà lu quelque part : « Bien dans son corps, bien dans sa tête », mais est-ce une légende urbaine ou un fait avéré ? Les neurosciences ont montré que le cerveau est hautement connecté au corps, mais cela est-il suffisant ? Tout d’abord, clarifions le terme « bien dans son corps », qui ici ne signifie pas simplement de se juger belle, beau, avec de jolies courbes ou bien assez musclé… cela n’a rien à voir avec les standards de mode actuels. Ici, « être bien dans son corps » signifie avoir un corps en bonne santé : être suffisamment en mouvement en pratiquant un sport régulièrement, être suffisamment souple, ne pas ressentir de douleurs physiques, avoir de la force et de l’énergie physique, avoir une bonne digestion sans être ballonné(e) ou sans remontées gastriques, etc. La liste serait encore longue… Mais pourquoi est-il si important de se sentir bien dans un corps en pleine santé pour que la tête jouisse de la même santé ?
Lien entre corps et cerveau
Quand nous parlons de la tête, nous parlons évidemment du cerveau, avec ses capacités cognitives comme la concentration, la mémoire, la prise de décision, la vision, l’audition, la lecture… qui sont toutes dépendantes de la santé de notre cerveau.
Rappelons que le cerveau n’a d’autre but que d’organiser et contrôler le corps qui le porte. Le cerveau et le corps sont donc très interconnectés, notamment via l’immense réseaux de nerfs entre tous nos organes et la moelle épinière, relai du cerveau.
En effet, le cerveau pour prendre des décisions (attraper un verre d’eau, prononcer une succession de mot formant une phrase, choisir entre marcher ou courir, etc) doit recevoir une multitude d’information venant de la part du corps pour connaître son propre état interne (quantité de réserve d’énergie disponible, niveau de fatigue, douleurs…) et son état externe, c’est-à-dire son environnement à travers les sens (vision, audition, sensations tactiles…).
Le cerveau est simplement l’interface qui permet d’animer notre corps, de le faire bouger en fonction de son état et de la situation dans laquelle il se trouve.
A l’inverse, le cerveau renvoie des informations à notre corps en retour pour le guider sur le comportement à réaliser : attitude à adopter, faire accélérer les battements cardiaques, dans quel ordre faut-il contracter les muscles du bras et de la main pour attraper une poignée de porte, etc.
Le corps et le cerveau sont tellement interconnectés que la santé de l’un affecte énormément la santé de l’autre.
C’est d’ailleurs pour cela que les thérapies, qui allient le corps et à la fois l’esprit, se développent et sont de plus en plus proposées. C’est tout simplement dû aux découvertes des neurosciences, notamment les neurosciences des émotions, qui ont mis en évidence le fort lien entre le corps et le cerveau1.
Lien ventre-cerveau
Le lien entre notre ventre et notre cerveau a été découvert récemment, nous avons même un deuxième cerveau dans le ventre relié à celui de la boîte crânienne par une autoroute de nerfs2 !
Les nouvelles recherches ont même démontré que les bactéries de nos intestins, aussi appelée microbiote intestinal, influencent la production de certains neurotransmetteurs (molécules produites par les neurones) dans des régions de notre cerveau3. Par conséquent, une bonne alimentation qui engendre une bonne population de bactéries intestinales aura une bonne influence sur l’activité de nos neurones ! L’inverse étant aussi vrai.
Il n’y a pas seulement l’alimentation qui est importante, d’autres processus corporels influencent la santé de notre cerveau, par exemple l’exercice physique fait naître de nouveaux neurones (qui sont utilisés uniquement si vous apprenez de nouveaux savoirs, sinon ils dépérissent)4.
Il est donc important de prendre soin de son corps pour prendre soin de son cerveau. Les processus mentaux et cognitifs (jeu de mémorisation, apprentissage d’une nouvelle langue, etc) ne sont pas les seuls à entretenir une bonne forme cérébrale et il serait même incomplet d’utiliser uniquement des exercices mentaux, notamment dans la prévention des troubles liés au cerveau (trouble du sommeil, mémoire, concentration, stress, etc).
1 Antonio Damasio (2005) Spinoza avait raison : Joie et tristesse, le cerveau des émotions
2 Cryan (2019) The Microbiota-Gut-Brain Axis
3 Bercik (2011) The Intestinal Microbiota Affect Central Levels of Brain-DerivedNeurotropic Factor and Behavior in Mice
4 Vivar et al (2013) All About Running: Synaptic Plasticity, Growth Factors and Adult Hippocampal Neurogenesis. Curr Top Behav Neurosci. 15: 189–210